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Droit du sol, égalité : les principes républicains ne se bradent pas

Ne pas confondre « adversaire politique et ennemi de la République » : cette exigence a été clairement formulée par Albane Branlant, candidate Renaissance dans la Somme qui aurait pu se maintenir au second tour des élections législatives, mais qui a annoncé son retrait au profit de François Ruffin (Nouveau Front populaire) pour faire barrage au Rassemblement national (RN). Loin d’être rhétorique, cette exigence est impérative.
A l’opposé de cette défense résolue et conséquente du « front républicain », les atermoiements de responsables de l’ancienne majorité présidentielle et, pis encore, l’aveuglement de la partie des Républicains non ralliée au RN traduisent une perte de repères politiques fondamentaux. La situation de la France, qui risque d’être dirigée dans quelques jours par les héritiers d’une longue histoire politique antirépublicaine, requiert un examen douloureux mais essentiel de la hiérarchie des priorités. En son sommet figure la défense des principes hérités de la Révolution française.
A cet égard, les projets de l’attelage Le Pen-Bardella en matière de double nationalité, de droit du sol et de « priorité nationale » dépassent largement, en inacceptable, l’ensemble des programmes politiques soumis aux électeurs.
Sortie du chapeau in extremis, la promesse d’interdire certains emplois publics aux citoyens binationaux réactualise la vielle obsession de l’extrême droite contre les « faux Français », qui, depuis l’Action française de Charles Maurras jusqu’au gouvernement de Vichy, a alimenté la haine contre les juifs, présentés comme « inassimilables », et les mesures de « dénaturalisation ». Elle vise aujourd’hui les Français de culture ou de religion musulmane accusés d’être des « Français de papiers » à l’allégeance douteuse.
Injurieuse, absurde d’un point de vue aussi bien économique que culturel, sécuritaire ou diplomatique, cette chasse aux binationaux revient à créer une discrimination inconstitutionnelle entre Français. Elle complète, dans l’arsenal du RN, le stupéfiant projet d’abandon total du droit du sol qui mettrait à bas le principe d’intégration par la naissance, la présence continue et la socialisation des enfants d’étrangers. Un principe gravé dans la Constitution ou dans la loi française depuis 1791, que même Vichy n’a pas souhaité remettre en cause. Quant à la « priorité nationale », elle s’appuie sur le « bon sens » pour s’attaquer aux principes constitutionnels d’égalité et de solidarité.
Les deux premiers projets du RN ont en commun d’affaiblir la souveraineté de la France en confinant de larges segments de sa population dans des nationalités étrangères. Tous les trois, en multipliant les atteintes aux fondements égalitaires et fraternels de notre société, autrement dit à la promesse républicaine, provoqueraient colère, ressentiment et violence. Tout en ouvrant un conflit immédiat avec le Conseil constitutionnel, dont l’actuel président, Laurent Fabius, nommé pour neuf ans par François Hollande en février 2016, a manifesté sa vigilance en la matière.
Si les références constitutionnelles et historiques apparaissent de peu de poids face au grand vent de révolte que traduit le score du RN au premier tour des législatives, les responsables politiques décidant ces jours-ci des désistements pour le second tour qui viendraient à les ignorer ou les négliger porteraient une lourde responsabilité. Celle d’avoir bradé des siècles de conquêtes républicaines dans de hasardeux marchandages électoraux.
Les 30 juin et 7 juillet, les candidats du Rassemblement national et ceux issus de l’alliance entre Eric Ciotti et le parti d’extrême droite vont tenter d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale, et ainsi former un nouveau gouvernement, avec Jordan Bardella à sa tête.
Dans cette vidéo, nous détaillons les propositions du Rassemblement national, par le biais de cinq principaux thèmes : le pouvoir d’achat, la sécurité, l’immigration, l’économie et l’emploi, et pour finir la fiscalité et la gestion des comptes publics. En effet, le nouveau gouvernement, quel qu’il soit, héritera d’une dette importante et d’un déficit public à 5,1 % du produit intérieur brut. La Commission européenne vient d’ailleurs d’ouvrir une procédure pour « déficit excessif » contre la France.
Dans les prochains jours, vous pourrez comparer cette vidéo avec leurs équivalentes sur les programmes du Nouveau Front populaire et d’Ensemble. Et si vous voulez en savoir plus sur les votes et prises de positions des députés RN sortants, nous vous renvoyons au décryptage ci-dessous.
Les vidéos explicatives qui composent la série « Comprendre en trois minutes » sont produites par le service Vidéos verticales du Monde. Diffusées en premier lieu sur les plates-formes telles que TikTok, Snapchat, Instagram et Facebook, elles ont pour objectif de remettre en contexte les grands événements dans un format court et de rendre l’actualité accessible à tous.
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